Le pouvoir des plantes bio-indicatrices

Les plantes ont toutes leurs préférences, parfois très spécifiques. Et l’endroit où elles se retrouvent leur offre plus ou moins de facilités, favorisant certaines et pas d’autres. Un mécanisme simple mais efficace. Dans son livre Les plantes bio-indicatrices, le botaniste et journaliste horticole Jean-Michel Groult nous invite à regarder plus attentivement notre jardin, à lire et à décrypter les signaux de la nature afin de poser le bon diagnostic.

Pourquoi les plantes font-elles de bons indicateurs ?

Optimisées pour germer

Même si à première vue les plantes ont les mêmes besoins de base (eau, lumière, éléments nutritifs), chaque espèce a de subtiles préférences. Et les plantes ne décident pas de l’endroit où le hasard dépose leurs graines. Ces dernières se retrouvent dans ces conditions plus ou moins favorables. Ainsi, dans une simple poignée de terre dorment des centaines de graines prêtes à se réveiller.

Beaucoup échoueront à donner une plante mais d’autres, au contraire, engendreront des plantes établies pour longtemps. La différence entre les unes et les autres tient précisément aux conditions de l’endroit. Il y a des plantes plus ou moins exigeantes. Les mauvaises herbes ubiquistes, ces plantes qu’on trouve un peu partout, sont les moins regardantes. Les vergerettes (Erigeron) en sont un des meilleurs exemples, puisqu’on peut les rencontrer dans tous les types de terre, à toutes les expositions. D’autres plantes ont au contraire des exigences limitées et vous n’en rencontrerez pas n’importe où. C’est par exemple le cas de l’alliaire officinale, qui n’aime ni le soleil, ni les sols pauvres en matière organique, ni les situations trop sèches. Ces deux exemples sont très marqués. Entre ces deux extrêmes, il existe une infinité de nuances et de subtilités. Mais ce qui est sûr, c’est que dans un endroit donné, les plantes ne sont pas à égalité.

 

L’alliaire officinale (Alliaria petiolata) est une plante annuelle inféodée aux terres riches en matière organique et à l’ombre ou la mi-ombre.

Certaines sont favorisées, d’autres au contraire partent avec un handicap. Autrement dit, c’est l’endroit qui fait la flore, et pas l’inverse. Ce sont les conditions d’un lieu qui déterminent les plantes qui y poussent facilement. En décortiquant les préférences des plantes poussant dans ce lieu, on arrive à faire ressortir des tendances, plus ou moins fortes. Il faut avoir en tête que la plupart des plantes, même ces mauvaises herbes qui vous semblent banales, sont incapables de s’adapter. L’adaptation est un processus long et qui s’étend sur plusieurs générations. Or à l’échelle qui nous intéresse, chaque végétal doit composer avec son patrimoine génétique, plus ou moins bien équipé pour se développer dans les conditions qui s’offrent à lui.

 

Que du sauvage !

On parle toujours des plantes qui viennent spontanément, et pas de celles qui sont cultivées ou qui ont été introduites. Les formes cultivées ont en effet été sélectionnées pour leur aptitude à se satisfaire des plus larges conditions possibles. Ainsi même les coquelicots et les bleuets du commerce sont plus adaptables que leurs ancêtres sauvages. La présence d’un coquelicot sauvage peut avoir une signification (souvent, un sol remué, assez léger, en pleine lumière), alors qu’un coquelicot « artificialisé » lui, en aura beaucoup moins.

Les vergerettes (Erigeron, ici E. bonariensis) sont parmi les plantes les plus adaptables, pouvant s’établir dans une étonnante diversité de milieux. De mauvaises plantes indicatrices, donc.

Pourquoi chercher à lutter contre la nature plutôt que de jouer sur ses forces ?

Chaque jardin a sa topographie, son sol et son climat, qu’il faut bien comprendre pour bien en profiter. Jean-Michel Groult, botaniste et journaliste horticole, fervent défenseur de la biodiversité et du jardin au naturel, nous invite à regarder plus attentivement le jardin, à lire et à décrypter les signaux de la nature afin de poser le bon diagnostic.

Un guide pratique pour apprendre à écouter ce que la végétation et le sol ont à nous dire.

Jardinier depuis l’enfance, Jean-Michel Groult a connu l’expérience de différents climats et sols, du balcon au grand jardin. Botaniste de formation, il est l’auteur de nombreux ouvrages aux Éditions Ulmer comme Jardiner durablement (Prix Saint Fiacre 2007), Plantes interditesGuide du potager ultra-simple et Balcon gourmand ultra-simple.

Il anime également une pépinière, Palmiers et compagnie, et propose une gamme tournée vers l’adaptation au changement climatique. Son jardin, dans le Sud-Ouest, près de Montauban, est un lieu d’expérimentations, source d’inspiration pour beaucoup.