Dans leur livre Faire son papier paru le 6 juin 2024, l’artiste papetière Laura Conill et l’illustratrice Louna Desvaux nous guident pas à pas dans la création de papier artisanal. Du matériel à utiliser aux gestes papetiers, en passant par l’exploration des différentes techniques (inclusions végétales, teintures naturelles, impressions en pâtes à papier…), les autrices rendent accessible l’univers du papier fait-main et nous rappellent combien les fibres végétales sont précieuses ! Découvrez ci-dessous un extrait du livre et apprenez à fabriquer une feuille de papier artisanal :
La recette pour fabriquer une feuille de papier artisanal :
1. Déchirer du papier en petits morceaux (3 x 3 cm au maximum).
2. Mettre les morceaux de papier dans un seau et recouvrir d’eau de quelques centimètres (la quantité d’eau n’est pas fixe, il se peut que vous ayez besoin d’ajuster). Mixer jusqu’à obtention d’une pâte à papier qui vous convienne.
3. Diluer une partie de la pâte à papier dans un grand bac d’eau. Remuer pour que les fibres soient en mouvement partout dans le bac avant de faire une feuille.
4. Saisir le tamis à papier du côté plat et mettre le cadre par-dessus. Tenir fermement les deux au milieu des deux côtés du cadre. Plonger le tamis le plus droit possible jusqu’au fond du bac.
5. Agiter de gauche à droite à son rythme, toujours au fond et en tenant le cadre et le tamis ensemble. Arrêter le mouvement et remonter le plus droit possible également le tamis et cadre (cela crée un effet ventouse, veillez à n’être ni trop lent, ni trop penché pour la remontée) pour les sortir de l’eau.
6. Quand le cadre est sorti du bac, agiter immédiatement de gauche à droite avec un mouvement doux, jusqu’à ce que les fibres cessent de bouger à la surface de la feuille fraîchement formée.
7. Quand il n’y a plus de mouvement des fibres, égoutter une première fois en penchant le tamis et cadre sur l’angle de votre choix (en ne dépassant pas les 45 °, sinon la feuille pourrait repartir dans l’eau !).
8. Enlever le cadre et égoutter de nouveau le tamis jusqu’à ce qu’il n’en sorte plus que quelques gouttes d’eau.
9. Coucher la feuille sur le feutre : déposer le tamis sur le feutre, en partant du côté le plus petit du tamis pour prendre appui.
10. Presser à la main partout sur le grillage et le cadre du tamis. S’il y a trop d’eau, éponger le surplus avec une grosse éponge.
11. Suivre le sens des fibres pour décoller le tamis, qui va faire un mouvement de N. La feuille restera alors sur le feutre.
12. Plusieurs options pour faire sécher son papier :
A) Soulever le feutre qui doit rester bien droit et le faire sécher sur un fil à linge ou à plat. La feuille ne se décollera pas du feutre, même sèche.
B) Empiler sa production de feuilles, les unes sur les autres, puis presser l’ensemble des feuilles formées sous la presse à reliure ou la presse serre-joint. Une fois le maximum d’eau sorti, faire sécher chaque feutre (avec la feuille toujours dessus) sur un fil à linge.
C) Presser la feuille (encore sur le feutre) contre une vitre, éponger si besoin si le feutre est encore gorgé d’eau. Passer un rouleau ou presser à la main partout où il y a la feuille derrière le feutre. Ensuite, suivant l’humidité restante, soit enlever le feutre, soit le laisser. La feuille restera accrochée à la vitre jusqu’à ce que vous la décolliez.
13. Décoller la feuille d’un tissu-feutre. Ce n’est pas la feuille qu’on détache du feutre, mais l’inverse. Il faut retourner le feutre côté où il n’y a rien, et sur une table, tenir la feuille dans un angle, puis décoller le feutre de la feuille. Ainsi les fibres se décrocheront correctement et la feuille ne sera pas fragilisée.
À vous de jouer !
14. A) Si la feuille a encore des plis : il est possible de la remettre sous presse (comme celles décrites p. 35), soit de mettre sa ou ses feuille(s) de papier sous plusieurs livres bien lourds, pendant une journée.
B) Ou alors de la repasser (avec un tissu dessus pour la protéger).
De la pâte à papier à la feuille, tout ce qu’il faut savoir pour créer son atelier artisanal et maîtriser les gestes papetiers. Laura Conill, designeuse et papetière, propose des techniques simples avec peu de matériel, qui permettent de se réapproprier ce savoir-faire et de se lancer dans la création de papiers originaux.
Créer son atelier et ses outils papetiers, dans une cuisine, un garage ou à l’extérieur, avec une presse, un tamis papetier, un mixeur…, c’est ouvrir le champ des possibles et s’inscrire dans une démarche écologique et low-tech.
De la cueillette à la feuille, une présentation des différentes fibres végétales (poireau, orties, gazon…) et des plantes tinctoriales (ronces, peaux d’oignons, gaude…) pour fabriquer, teindre et personnaliser le papier.
Pas à pas de toutes les étapes de fabrication du papier, de la préparation aux techniques simples (inclusions de fibres, végétales ou de pâtes de couleur, par versement, par pochoir…), tout ce qu’il faut savoir pour créer, enrichir et protéger son papier.
Papier recyclé, papier teinté, papier végétal, papier avec filigrane ou inclusion de pâtes de couleur… Une invitation à mettre la main à la pâte.